Lendemain d’une soirée au Carmen, ma gueule de bois et moi on se promène à l’ombre, au bord du canal, attendant comme le conseillent les spécialistes l’heure à laquelle les rayons du soleil sont moins agressifs pour s’y exposer sans risquer de se transformer en touriste allemand. Il est donc dix-sept heures quand je m’assied dans mon jardin préféré à côté d’elle :
Plus on attend et plus le passage à l’acte semble prémédité (et il l’est) alors je profite du premier croisement de regard pour lancer un « tu as l’air de t’ennuyer ». Bien sûr qu’elle se fait chier, seule dans le parc alors qu’autour d’elle tout le monde est en groupe ou en couple et s’amuse.La logique, si elle régissait les femmes provoquait dans une situation comme celle-ci une réponse comme « je m’ennuie plus qu’un député au parlement et depuis tout à l’heure je prie pour que ça change, enfin ».Mais non, et à la place elle me répond « non-non ça va ». A partir de là il faut s’accrocher, persister en ne montrant absolument aucun doute, tout en restant détaché, ce que je fais et puis d’un coup, comme le calme soudain après la traversé d’une zone turbulente en avion, on se retrouve à parler d’elle, de moi, de choses et d’autres. Malgré l’heure avancée le soleil darde bien ses rayons machin et quand j’appuie sur mon bras la petite marque laissée met plus de temps qu’il n’en faut pour disparaitre. Je lui propose d’aller se mettre à l’ombre à la terrasse du café A. Elle prends un coca pas light et moi un perrier avec de la menthe, elle goûte et trouve ça dégueulasse puis elle me dit l’air de rien « on pourrait être ami » ne sachant pas quoi dire je laisse une ou deux secondes s’écouler en la regardant. Je pourrais dire oui et m’ouvrir une porte sur le monde incroyable des amies qu’elle ne manquera pas de me présenter, ça et continuer de subir la torture qui est celle de ne pouvoir plaquer mes lèvres sur les siennes et mon torse sur ses seins incroyables qui semblent défier la loi la plus élémentaire de la physique. Je répond non.